
À la croisée des chemins: Une décennie d'engagement envers le Développement Durable
Retour sur la Conférence Européenne des jeunes « Prenons Soin de la Planète » à Bruxelle en 2012.
Marc-Wildor Saint-Germain
2/16/202411 min lire


En 2010, au cœur des enjeux planétaires, un cri de ralliement a émergé lors de la Conférence "Prenons soin de la planète" : "Si nous ne le faisons pas maintenant, alors quand ? Si nous ne le faisons pas nous-mêmes, alors qui ?" C'est ainsi que ma première expérience concrète dans le domaine de l'action écologique a débuté en quatrième, au Collège Paul Kapel. Mon initiation à l’action écologique a commencé en quatrième, au Collège Paul Kapel. Un "club UNESCO" ? pour le développement durable dans le collège, au niveau local ?




L’éveil de ma conscience environnementale
Je confesse que l'éveil de ma conscience environnementale a débuté en quatrième, à l'âge de 13 ans, lorsque ma professeure de français nous a présenté le projet du "Club UNESCO" dédié au développement durable au sein de notre collège.
À l'époque, le défi consistait à réfléchir aux enjeux du développement durable à différentes échelles, allant du collège à la ville, en passant par le territoire. Intrigué par mes observations et conscient de l'importance de réfléchir à ces questions, j'ai entrepris de convaincre mes camarades de classe de l'intérêt de cette initiative. En tant que témoin des problèmes liés aux décharges sauvages en ville et des comportements négligents, allant de la grosse machine à laver à la petite canette de soda guarana (oui, nous sommes en Guyane), jetée par terre dans la cour de récréation, je ressentais le besoin d'agir.
Ce projet à l'échelle de l'académie de Guyane représentait pour moi une opportunité parfaite de collaborer avec mes camarades pour le bien-être général de la classe. C'était une pause bienvenue par rapport aux cours quotidiens, offrant une perspective pratique et collective sur les défis environnementaux auxquels nous étions confrontés.








J'avais eu l'honneur et la mission de présenter notre travail ce jour-là. Je tiens à exprimer ma gratitude envers mes camarades pour le travail fourni, car cela a été le fruit d'une collaboration d'équipe. Ce moment reste un souvenir particulièrement positif pour moi. Le début d'une grande aventure.
Cérémonie d'ouverture en présence, d'une femme guyanaise d'engagement, George Habran-Méry, Présidente du Conseil Régional des Clubs UNESCO de Guyane, et aussi Déléguée régionale de la Fédération Française des Clubs UNESCO pour le continent américain, en 2012.
Conférence académique « Prenons soin de la planète » à l’Université de Guyane, mai 2012
La conférence régionale a été la tribune où les particularités environnementales de la Guyane ont été exposées. Les problématiques locales tels que l’exploitation minière, la déforestation, l’eau etc. posant les bases d’une action éclairée et collective. La préparation intense pour la Conférence académique « Prenons soin de la planète » a constitué un premier pas concret. Nous pouvions tous témoigner des enjeux liées à l'écosystème locale et des perspectives d'avenir.
Nous avions travaillé longuement et ardemment à la préparation de la Conférence régionale, qui s’est tenue dans l’amphithéâtre de l’Université de Guyane.
Sous la direction énergique de Madame George Habran-Mery, une femme profondément engagée envers la jeunesse de Guyane et à l'international, la conférence académique a offert l'occasion de présenter le travail et les idées de chacun. Au sein même d'une région, les différentes localités ne sont pas confrontées aux mêmes enjeux. En tant que résident de Cayenne, sur le littoral, je suis conscient des problèmes qui touchent les citoyens de l'intérieur, lesquels sont abordés de manière différente.
La problématique minière, par exemple, porte directement atteinte aux écosystèmes et à l'homme, car il est indissociable de cet écosystème. La déforestation et l'utilisation du mercure pour l'extraction de l'or soulèvent de multiples problèmes liés à la pollution des sols et des eaux de la Guyane. De nombreux sujets ont été évoqués, faisant de cette conférence un véritable succès.
Jeunes européens engagés lors de la Conférence "Let's Take Care of the Planet", 16 mai 2012
Les balbutiements d’une compétence en communication ?














L'écho guyanais sur le toit montagnard d'Autrans
Ma forte implication et la motivation que j'avais démontrées m'ont offert l'opportunité de faire partie de la délégation de Guyane qui participerait à la Conférence nationale "Prenons soins de la Planète" se déroulant à Grenoble.
Photo de groupe inter-académique
Après cette conférence nationale, quelques collégiens et lycéens ont été sélectionnés. Parmi la délégation de Guyane, nous étions deux, une lycéenne et moi-même, choisis pour faire partie de la délégation française qui se rendrait à Bruxelles aux côtés de 70 autres jeunes issus de 14 pays différents : Allemagne, Danemark, Espagne, Géorgie, Italie, Lituanie, Malte, Pologne, République tchèque, Roumanie, Russie, Suède, Turquie et la France.
La reconnaissance de nos impacts individuels a abouti à un moment significatif pour ma camarade d'un lycée de Saint-Laurent du Maroni en Guyane et moi-même, car nous sommes devenues les porte-parole de la délégation de Guyane à l'issue de cette conférence inter-académique d'Autrans. Nous avons pris le temps de souligner les différences propres à la Guyane, ainsi qu'aux autres régions d'Outre-Mer, tout en promouvant des actions éclairées et collectives.
Pour l'ensemble de la délégation guyanaise, c'était l'opportunité de faire connaître davantage les richesses de la Guyane, qu'elles soient culturelles, liées à la biodiversité, caractéristiques, économiques, ou contextuelles et les défis qu'elle peut rencontrer. Ces contraintes étaient souvent similaires à celles des autres territoires d'Outre-Mer tels que la Martinique, la Guadeloupe, etc.
Nos idées sur les enjeux du développement durable, nos contextes, et nos enjeux diffèrent. La réflexion sur ces problématiques a conduit à un constat simple : il est impératif de prendre en compte le contexte local de chacun et d'agir en conséquence, et ce, de manière rapide.
Ma présentation des idées du club UNESCO du collège Paul Kapel
Présentation par mes camarades du club UNESCO de Saint-Laurent du Maroni
Cérémonie d'ouverture de la Conférence nationale "Prenons soin de la planète" à Autrans.
Délégation de Guyane présente à la conférence, mars 2012
Délégation française, élu(e)s pour la conférence européenne.


Du 14 au 16 mai 2012, la Conférence Européenne des jeunes "Prenons Soin de la Planète" s'est tenue à Bruxelles au Comité des régions. Ce projet, porté par Monde Pluriel et d'autres acteurs européens, a ouvert la scène européenne pour accueillir des jeunes venant de toute l'Europe.
La Conférence Européenne des Jeunes, "Let's Take Care of the Planet", nous a offert l'opportunité de débattre, de communiquer, d'échanger, et de nous ouvrir aux réalités des autres pays. En tant que jeunes engagés, nous avons pris des engagements forts dans les domaines des ressources naturelles, de la biodiversité, de la consommation, du transport, de la solidarité, et de l'énergie.
Nous avons adopté une démarche de sensibilisation et d'action au quotidien dans nos environnements locaux. La communication et l'information à travers les réseaux sociaux, l'organisation d'événements, ainsi que l'utilisation de supports ludiques et impactants tels que des affiches ou des vidéos, soutenus par des ONG, étaient une priorité pour nous, jeunes Européens.
Nous nous sommes engagés à consommer localement de manière éthique et écologique, à privilégier les moyens de transport doux tels que le vélo, le skateboard, les transports en commun, et à plaider pour l'amélioration des infrastructures favorisant ces modes de déplacement. Les transports et la mobilité à toutes les échelles demeuraient et restent aujourd'hui encore des enjeux majeurs du XXIe siècle.
Dans notre Lettre ouverte, nous avons appelé les décideurs politiques à favoriser la création d'un "Parlement Vert" doté du pouvoir de légiférer et de proposer des actions concrètes en faveur du développement durable.












Les ateliers, moments forts de brainstorming, nous ont permis de structurer nos idées afin d'élaborer des supports de communication visant à attirer l'attention des citoyens sur l'urgence des enjeux environnementaux et de la transition vers des sociétés durables.
Les thèmes abordés, tels que la Biodiversité, les Ressources naturelles, le Transport, la Mobilité, l'Énergie, la Consommation, et la Solidarité, ont constitué nos axes de réflexion du 14 au 16 mai 2012.
Un melting-pot de 80 jeunes venant de 14 pays différents, réunis pendant 3 jours, pour débattre et agir en faveur de sociétés durables.
Cérémonie d’ouverture de la Conférence Européenne « Let’s Take Care of the Planet » dirigé par Lydia Nicollet (Coordinatrice du projet à l’échelle européenne)
Cette expérience a marqué un tournant significatif dans mon parcours, comme en témoigne ma trajectoire académique. Titulaire d'une Licence de Mécanique, d'un Master Risques et Environnement avec un parcours en Environnement et Géomatériaux, je suis actuellement en Master Énergie avec une orientation vers l'Énergie, l'Écologie, et la Société. J'aborde ces enjeux de manière interdisciplinaire, aspirant à fournir des réponses concrètes.
Au-delà des frontières, nous avons pris position en faveur de la sensibilisation quotidienne, de la consommation locale, du commerce équitable, du partage des ressources, de l'énergie, et des choix de transports, entre autres.
Le sommet Européen à Bruxelles


Notre différence constituait nos identités individuelles, chacun contribuant à un ensemble plus vaste et significatif. Nous avons pris le temps de nous découvrir mutuellement. Avec 14 pays réunis, la rencontre culturelle fut très enrichissante. Nous avons partagé des spécialités culinaires de nos régions respectives.
L’engagement individuel au-delà des différences, un impératif


Les 9 membres de la délégation française portaient les valeurs que nous souhaitions transmettre à nos camarades européens. La différence, un mot qui suscite parfois la peur, "être différent", "penser différemment", "agir différemment". Certains cherchent à gommer la différence, à réécrire par-dessus, quelle erreur. Nous étions "différents" mais partagions les mêmes convictions et valeurs, et face à l'avenir, nous avions les mêmes craintes.


Thèmes des workshops. Créd: Rémy-Pierre Ribiere/ Monde Pluriel
Espace d'échange et d'exposition. Créd: Rémy-Pierre Ribiere/ Monde Pluriel
Workshop encadré par un facilitateur
Différents supports réalisés. Créd: Rémy-Pierre Ribiere/ Monde Pluriel
Présentation de la délégation française lors de la rencontre culturelle
Discussions et solo de violon par une des facilitatrices


Dix ans plus tard, ce slogan continue de m'habiter : "Si ce n'est pas nous, alors qui ?". Ce slogan trouve ses racines dans la Conférence "Prenons soin de la planète", lancée avec la Charte internationale des responsabilités "Prenons soin de la Planète" en 2010. Nous avions réalisé ensemble un flashmob devant le Parlement européen de Bruxelles.
Conclusion
À travers cette décennie d'engagement, je me positionne comme un acteur conscient des problématiques auxquelles nous faisons face. J'ai acquis cette conscience dès l'adolescence, et la route que j'ai entreprise n'a eu pour objectif que de contribuer intellectuellement. Il y a dix ans, l'avenir durable se dessinait à travers mes expériences et mes choix de valeurs, considérant que chaque action compte.
En termes d'immobilisme, il est aujourd'hui évident que l'échiquier des acteurs est révélateur, surtout si l'on se penche sérieusement sur le processus onusien, par exemple. Amy Dahan évoquait la complication et la complexité de la bureaucratie des échanges onusiens. Ces échanges n'aboutissent pas forcément à des décisions fortes et coercitives.
L'Europe, en raison de sa position et de sa force, se devait d'être un acteur moteur pour les décisions écologiques dans le monde. Entre adopter une philosophie soft law et, de l'autre côté, réprimander les agriculteurs, il y a, pour moi, un manque de cohérence et de stratégie tenant compte, justement, de l'échelle locale et régionale. Le secteur agricole, pourtant fondamental à notre survie, n'a fait que se dégrader, avec une accélération des normes et lois restrictives européennes renforçant toujours plus le pouvoir des entreprises semencières et la toute-puissance de l'agriculture industrielle.
Les politiques écologiques, énergétiques, agricoles et sociales appliquées n'ont pas souvent fait leurs preuves. Nous souhaitions un Parlement Vert avec un pouvoir coercitif, et quelques années après, au niveau national, nous avons eu la Convention citoyenne pour le climat. Cependant, seulement 10% des propositions ont été retenues. On est en droit de se demander : où veulent-ils réellement aller ? Quel futur veulent-ils vraiment ?
La vision du futur se construit d'abord à l'échelle individuelle, où chaque personne, si les moyens lui sont accordés, peut étendre et approfondir sa propre définition, pour un ensemble plus vaste. L'idée est de commencer à la plus petite échelle possible, puis de ramifier, étendre et multiplier. Ces ramifications sont pensées comme les composantes d'un réseau interconnecté, favorisant des flux durables et viables.
Je le constate depuis dix ans maintenant. La contribution d'acteurs multisectoriels engagés dans des stratégies durables souhaitant renverser les modes de consommation actuels est indispensable.
Merci, chères lectrices, chers lecteurs !


Un flashmob mémorable



























Galerie:
Délégation française avec les ami(e)s d'Espagne, de Malte à Bruxelles, mai 2012
Jeunes engagés devant le Parlement européen de Bruxelles
Vidéo de sensibilisation réalisé par les jeunes
Vidéo réalisé par Monde Pluriel, revenant sur la Conférence "Let's Take Care of trhe Planet" 2012
Flashmob devant le Parlement européen de Bruxelles
Sources:
Dahan, Amy. « La climatisation du monde ». Esprit Janvier-Février, no 1‑2 (2018): 75‑86
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